Dans un communiqué, l’UFC Que choisir dénonce le « passage en force du gouvernement » que constitue la publication du décret du 31 août 2010 relatif au remplacement des compteurs électriques.
L’association de consommateurs déplore qu’à « l’heure où l’expérimentation des nouveaux compteurs Linky rencontre de nombreux retards et difficultés techniques, l’Etat passe par-dessus les critiques avec un rouleau compresseur et publie en catimini un décret pour raccourcir l’expérimentation et pour généraliser ces compteurs communicants ». L’UFC observe que les objectifs « sont loin d’être atteints », qu’il s’agisse du processus de déploiement, du dresser un bilan technique ou de « l’impact éventuel de Linky sur la maîtrise de la consommation d’électricité au 31 mars 2011 ». Avant de détailler les dysfonctionnements aujourd’hui constatés: « le planning de pose dérape, les compteurs disjonctent un peu trop facilement et la transmission des données ne se fait pas ».
En outre, l’association estime qu’il sera difficile de « réaliser un bilan complet au 31 décembre 2010, c’est-à-dire trois mois plus tôt que
prévu, avant la pose de l’ensemble des compteurs expérimentaux et sans même les tester pendant la période hivernale? » Qualifiant la publication du décret de « fuite en avant », l’UFC dénonce le « simulacre » que sont « l’expérimentation et la concertation organisées au sein de la Commission de régulation de l’énergie ». L’association estime que les fonctionnalités du compteur Linky sont destinées au « distributeur ERDF et pas du tout au bénéfice du consommateur. Certes, il évite les surestimations de facture mais il ne présente pas d’avantages décisifs pour les consommateurs. Contrairement à l’engagement pris dans
la loi Grenelle 1, il ne leur permet pas de « mieux connaître leur consommation d’énergie en temps réel et ainsi de la maîtriser ». Et surtout, son coût élevé (entre 120 € et 240 € par compteur, vs 80 € en Italie, financé par le fournisseur Enel) est laissé à la seule charge du consommateur ». L’association craint également que le compteur ne permette aux fournisseurs de « proposer des services payants au consommateur pour suivre sa consommation électrique et de nouvelles offres tarifaires ».
Dans son communiqué, l’UFC-Que choisir précise avoir adressé une lettre au ministre de l’Ecologie, de l’Energie, du Développement durable et de la Mer « pour lui demander un décret modificatif prévoyant :
· Un prolongement de l’expérimentation des compteurs Linky jusqu’au 30 juin 2011.
· Un bilan économique et technique complet et transparent avant une éventuelle décision de généralisation.
· Un financement partagé entre ERDF, les fournisseurs et le consommateur ».
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En savoir plus :
– consulter le décret du 31 août 2010 relatif aux dispositifs de comptage sur les réseaux publics d’électricité en application du IV de l’article 4 de la loi no 2000-108 du 10 février 2000 relative à la modernisation et au développement du service public de l’électricité,
– lire le point de vue de la FNCCR (les collectivités concédantes déplorent la fin prématurée de l’expérimentation et rappellent que nombre de questions restent à ce jour sans réponses).