L’équivalent de la bulle internet qui, une fois percée en mars 2000, éclata lentement, durant plusieurs mois, dans les différents marchés boursiers? Ce rapprochement vient naturellement à l’esprit au regard de l’engouement suscité par les valeurs « vertes ». Si Areva, lâchée par l’Etat, n’a pu finalement acheter REpower, il est probable que son projet de constituer un pôle éolien n’en restera pas là. Le prix payé par son rival, Suzlon, à 150€ par titre (soit une prime de … 109%) s’établissait largement au-dessus de la première offre d’Areva (105€, remontée ensuite à 140€), preuve que les sociétés produisant des énergies renouvelables font rêver industriels et investisseurs. Introduite en novembre dernier à 26€, l’action d’EDF énergies nouvelles a, depuis, bondi de 69%, soit un PER (rapport du cours aux bénéfices après impôts) de 78 (contre 16 pour Suez ou 14 pour Gaz de France…). Succès similaire pour Aerowatt, un spécialiste de l’éolien passé en six mois de 28,74 à 45,9 €…
Le 11 juin, le succès de l’introduction de Vergnet SA, société spécialisée dans l’éolien, au prix de 13,85€ a confirmé l’appétit de la Bourse de Paris pour ces nouvelles valeurs de la cote: l’action s’est envolée de 30% en deux jours, dans un marché morose. Et ce n’est sans doute pas fini: Thenergo, filiale de Théolia (dont la valeur boursière a doublé depuis début janvier…), sera à son tour côtée le 14 juin. Du côté industriel, les grandes manoeuvres se poursuivent. Hier, Enel annonçait, via sa filiale Erelis, société française spécialisée dans le développement de projets éoliens achetée en 2006 à 14,2 millions d’euros, le rachat de quatre sites de production (58 MW).
L’introduction prochaine de Bionersis, qui opère dans le biogaz, laisse songeur : pour financer son démarrage, la société  ambitionne de lever 15 millions d’euros, pour une valorisation qui atteindrait 43 millions d’euros. Le tout, sans chiffre d’affaires!
Certes, comparaison n’est pas raison et l’avenir des énergies renouvelables n’est pas celui de sociétés internet des années 2000 dont le modèle économique était parfois hasardeux. Il n’empêche: les valorisations sont désormais extrêmement élevées. Or, elles reposent d’une part sur des subventions publiques qui favorisent les énergies non polluantes pour respecter les engagements environnementaux des Etats, de l’autre sur des prix durablement élevés de l’énergie. Deux édifices solides. Jusqu’à quand?