Pas facile de rédiger une dépêche lorsque les versions sont aussi contradictoires.
Hier, après une incursion au siège de l’Unemig (qui partage les locaux de l’Association française du gaz), 74 personnes ont « interpellées puis relâchées après des dégradations ».
Citant la CGT, l’AFP indique ses « principaux responsables (…) en Ile-de-France » figuraient parmi les personnes interpellées. Selon le ministère de l’Intérieur, ces interpellations résultent du dépôt de « trois plaintes déposées pour dégradations volontaires, violences volontaires et menaces réitérées » par des responsables de l’association (a priori l’Unemig). Version confirmée par Michel Astruc, vice-président de l’Unemig: « ils ont abîmé des bureaux, une salle de réunion. Il y a eu des dégâts d’ordinateurs et de mobiliers, qui ont été choquants pour le personnel, et des responsables locaux ont appelé la police ».
Jusque là, tout concorde. Puis, on change de lieu et les versions divergent.
Dégradations rue de Vienne?
Mais tandis que « des sources policières ont affirmé en outre que des dégradations ont également eu lieu au 23 rue de Vienne, au siège de l’unité réseau électrique d’ERDF-GrDF Paris, (…) les directions ont démenti toute dégradation sur ce site ».
Coupures de courant? De gaz?
La suite de la dépêche fait était de coupures d’électricité: « selon une commerçante du quartier qui a joint l’AFP sous couvert d’anonymat, une coupure de courant est intervenue « entre 15H00 et 17H30″, dans tout le quartier autour de la rue de Courcelles ».
Problème: la direction d’ERDF n’a « pu confirmer cette information » et, côté syndical, on reste évasif: « selon Maurice Marion, porte-parole de la CGT Energie, « il est fort possible que des coupures d’électricité aient eu lieu, car les bâtiments du patronat sont des cibles », pour obtenir la réouverture de négociations salariales de la branche énergie ».
Pour les coupures de gaz, même mystère: tandis que « des déclarations initiales de source policière » évoquaient des cpupures dans le secteur, le distributeur a démenti: « Il n’y a pas eu de coupures de gaz », a indiqué à l’AFP une porte-parole de GrDF ».
Dégradations: la faute à qui?
Maurice Marion indique en complément que « les dégradations ne sont pas des méthodes de la CGT », a-t-il observé.
Quant à la Fédération Sud-Energie, dans un communiqué, elle situe les interpellations… rue de Vienne (et non pas au 62 rue de Courcelles, siège de l’Unemig, donc) : « 74 agents d’ERDF-GRDF, qui s’apprêtaient à tenir une assemblée du personnel devant le 23 bis rue de Vienne » et certains « ont été embarqués par la police, sous un prétexte inconnu ». Après tout, ce n’est pas si loin…
La suite?
Une manifestation de « soutien et d’action » dédiée aux « camarades en garde à vue! » est prévue ce vendredi 15 mai, à 14 heures, devant le siège de l’Unemig…
Ce matin, sur LCI, Xavier Bertrand, secrétaire général de l’UMP, a appelé à ne pas « légitimer » la violence : « faire respecter la loi, ça me semble être un impératif. Moi j’ai été scandalisé d’apprendre les exactions de ces gaziers hier qui ont envahi le siège de responsables patronaux, certains étaient cagoulés, et ont tout dégradé ».
Une autre tonalité se faisait entendre rue de Solférino avec Razzy Hamadi, secrétaire national du PS aux services publics: « L’attitude du gouvernement face aux mouvements sociaux dans le secteur de l’énergie se résume en trois mots: pourrissement, humiliation et dédain. L’interpellation ce jour de plus de 70 militants occupant les locaux de la fédération française du Gaz est une nouvelle illustration de cette attitude suicidaire du gouvernement dans un secteur hautement stratégique pour l’avenir de notre pays. Le Parti socialiste demande l’ouverture immédiate de négociations ainsi que la libération des militants incarcérés ».
———–
Et aussi
A Tours, des salariés de la centrale de Chinon étaient entendus hier au Tribunal. Le jugement en délibéré était attendu hier, jeudi. Le reportage de TV Tours.