Le conflit se poursuit et prend un ton âpre.
Les coupures d’électricité et de gaz orchestrées par les agents grévistes d’ERDF et GRDF ont été qualifiées de « véritables actes de malveillance » par le ministre du Travail, Brice Hortefeux, dans un communiqué le vendredi 17 avril. Estimant que ces coupures ne sauraient « être assimilées à l’exercice du droit de grève », il les a jugées passibles de « sanctions ». Dans son communiqué, le ministre du Travail se réfère au Conseil d’Etat qui s’était prononcé sur le sujet en évoquant un « usage abusif du droit de grève contraire aux nécessités de l’ordre public », ce qui rend la direction des entreprises « totalement légitime à organiser le service pour ne pas permettre de telles pratiques ». Il a également précisé que, dans ce contexte, ERDF et GRDF étaient légitimes pour « engager des procédures disciplinaires ainsi que porter plainte contre les personnes responsables de ces situations et de leurs conséquences », déplorant des « actes sont totalement contraires à l’esprit du service public, a fortiori dans une période où de nombreux Français ont à faire face aux difficultés liées à la crise économique mondiale ».

Jeudi 16 avril, de nouvelles coupures d’électricité ont été enregistrées, lors d’une journée de grève qui, selon les directions des deux distributeurs, a concerné 18% des 45.000 salariés. Ceux-ci se mobilisent depuis plusieurs semaines, réclamant des augmentations de salaires.
Au total, 66.500 clients ont été privés d’alimentation électrique « à un moment ou un autre de la journée », a indiqué un porte-parole d’ERDF à l’AFP. On dénombrait aussi 9.160 foyers ont été privés d’alimentation en gaz naturel, principalement en Ile-de-France. Mardi 15 avril, une coupure de courant à l’hôpital de Douai, d’environ 40 minutes, a généré la panique dans l’établissement… et un début de polémique, bien que les grévistes d’ErDF aient nié en être à l’origine. L’hôpital a porté plainte.

Interrogé par l’Associated press, Vincent Hernandez de la Fédération FO Energie, a évoqué des « actes isolées », revendiquant cependant des « coupures ciblées », visant des bâtiments publics ou des entreprises qui licencient comme Continental, Le délégué syndical central d’ERDF a souligné que les agents grévistes avaient opté pour d’autres « modes d’action, avec des gestes pour les clients, comme le basculement des heures pleines en heures creuses ou le rétablissement de clients précaires dont l’approvisionnement avait été coupé ». A ainsi été observé le retour des Robin des bois de l’électricité, qui, le visage camouflé par une cagoule glissée sous un casque de chantier, rétablissent le courant aux familles en difficulté. Sur France Info, ce lundi 20 avril, Vincent Hernandez a rappelé que les agents attendaient des « réponses concrètes » en termes de salaires, après trois semaines de mobilisation, qui se traduisent, pour certains agents, par « 7 ou 8 journées de grève (qui) pèsent sur la fiche de paie ».

Deux journées de mobilisation sont annoncées, les 21 et 23 avril.