Dans une interview au journal Le Monde, Pierre Gadonneix, PDG d’EDF, se livre à une analyse des perspectives industrielles du nucléaire pour les principaux acteurs. Il estime que le récent divorce entre Areva et Siemens « n’est pas une bonne nouvelle dans la mesure où l’intérêt de la France, d’EDF et d’Areva est que l’EPR rencontre un succès mondial, au-delà de la France, car nous ne pouvons construire actuellement que quelques réacteurs », observant également que le rapprochement du groupe allemand avec le russe Rosatom « pourrait davantage illustrer sa rentrée (celle de Siemens) dans le nucléaire que sa sortie. Ses dirigeants ont changé de stratégie et croient à son développement, ce qui n’était pas le cas il y a dix ans ». Il invite à ne pas sous-estimer les Russes qui, depuis Tchernobyl, « ont mis les bouchées doubles », à l’image du réacteur de troisième génération de Rosatom, qu’il juge « compétitif ».

Affichant son souhait que l’Allemagne fasse le choix de l’EPR, il observe que l’ensemble de « ses opérateurs d’électricité (E.ON, RWE, EnBW, Vattenfall) pensent que le nucléaire doit se développer ». Et le PDG d’EDF d’espérer qu »E.ON rejoigne ce club », soulignant qu’EDF est « en discussion avec ses dirigeants pour une entrée dans Penly. Ils se disent intéressés. L’industrie électrique se rapproche de l’industrie pétrolière : pour développer des projets très coûteux et exploiter des gisements, il n’y a qu’un seul opérateur mais plusieurs partenaires qui partagent les coûts. Je crois que le secteur nucléaire doit prendre ce chemin ».

Et aussi
Interrogé sur l’enquête en cours ayant train à « l’espionnage informatique de Greenpeace par un consultant privé payé par EDF », Pierre Gadonneix affirme n’avoir « jamais signé de contrat demandant ce type d’opération. On a mis fin au contrat avec la société Kargus depuis plus d’un an. Dès que nous avons connu cette affaire, EDF s’est portée partie civile, car nous estimons subir un préjudice. La sécurité des centrales est assurée par la gendarmerie nationale, pas par des officines privées! »
De son côté, le Canard enchaîné révèle qu’un « CD-ROM contenant des captures d’écran et des copies de fichiers provenant de l’ordinateur de Yannick Jadot » (ex-Greenpeace) aurait été trouvé par les enquêteurs dans « l’armoire forte » de son client, a fait savoir Jean-Marc Fedida, avocat de Pierre François, interrogé par l’AFP.. En oute, l’espionnage dont a été victime Greenpeace ne serait pas qu’informatique. « En Loire-Atlantique, un hangar servant d’entrepôt de matériel pour l’association aurait lui aussi été espionné », indique l’association. Greenpeace demande au gouvernement et à EDF « de tirer les conséquences de ces pratiques scandaleuses. En attendant que toute la lumière soit faite, les fonctions du directeur de la sécurité d’EDF, le contre-amiral Durieux, doivent immédiatement être suspendues ».
Une confrontation a eu lieu, hier mardi 7 avril, à Nanterre dans le bureau du juge d’instruction chargé de l’affaire.
En outre, le Canard enchaîné affirme qu’EDF « avait placé sous surveillance le très remuant porte-parole de l’association » Sortir du Nucléaire, Stéphane Lhomme, en 2006. Ce serait une entreprise suisse, Securewyse, qui, « durant plusieurs mois », aurait assuré cette mission ».