En janvier dernier, la coopérative Copalis*, « spécialisée dans la valorisation intégrale des co-produits du poisson » s’est associée à Agriopale services (valorisation de résidus organiques) pour créer Capénergie (hum hum… a priori un nom très couru en PACA, en Languedoc-Roussillon, sans oublier le Crédit Agricole…), afin de travailler à la « valorisation énergétique des résidus organiques et de déchets verts par méthanisation ». Traduction: du biogaz issu des déchets (à Copalis, on parle de « produits secondaires ») de poisson. Dans un communiqué, les partenaires indiquent que leur future « unité de production de biogaz permettra de générer annuellement une énergie de 25.000 MW/h, soit plus de 2.000 tonnes équivalent pétrole, à partir de matières collectées dans un rayon de 3 km ».
L’enjeu est celui de la production d’énergie renouvelable mais aussi de la gestion des « effluents et déchets organiques », issus de cette industrie agroalimentaire, qui s’y prête particulièrement bien car les « résidus issus de la transformation du poisson sont gras et donc méthanogènes ». A ce jour, Copalis traite « 45.000 tonnes par an d’effluents liquides chargés organiquement, à une température favorable aux procédés de méthanisation », est-il précisé. Les partenaires estiment que les boues résiduelles des stations d’épuration portuaires constituent un gisement complémentaire de 10.000 tonnes par an, auxquels pourraient s’ajouter 20.000 autres tonnes issues d’une part « de matières valorisables supplémentaires en provenance d’industries agroalimentaires de la zone portuaire », et, d’autre part de déchets verts collectés localement.
Copalis prévoit de réutiliser les 25.000 MW/h de biogaz sous forme de vapeur, d’eau chaude, voire d’électricité « qui pourra être réinjectée sur le réseau électrique ». Quant aux résidus ultimes, ils serviront de compost.
A Copalis, on indique que le projet est estimé entre 5 et 6 millions d’euros, « selon que l’on construira ou non une unité de cogénération. D’un point de vue technique, utiliser notre biogaz pour produuire de la vapeur offre le meilleur rendement énergétique qui soit. D’un point de vue économique, avec le tarif de rachat d’EDF**, c’est plus rentable ». L’injection du biogaz dans le réseau est a priori écartée: « injecter du biogaz dans le réseau, avec les questions que cela suppose, comme celle de la pureté, est complexe. En outre, nous avons besoin de gaz naturel pour alimenter notre chaudière. Deux réseaux parallèles, ce ne serait pas très rationnel ». Cette activité annexe pourrait bénéficier d’aides, notamment parce qu’elle permettra de résoudre les problèmes posés à la station d’épuration de Boulogne-sur-Mer, engorgée par les « déchets gras » du poisson.
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Créée dans les années 60, la coopérative de traitement des produits de la pêche (CTPP) est devenue Copalis en 2007. Elle collecte et valorise les déchets issus de la transformation du poisson, pour l’alimentation animale, mais aussi l’industrie cosmétique.
** Tarif financé par la CSPE (contribution au service public d’électricité), donc la facture des consommateurs.