A l’occasion d’une conférence de presse destinée à commenter ses résultats de l’année 2008 (cf. notre actu du 23 février), Michel Francony, président du Directoire, a formulé les propositions du concessionnaire pour la gestion de « l’après-tempête » (Klaus). A cet effet, il propose d’accélerer « le plan aléa climatique, d’un montant de 2,3 milliards d’euros sur 10 ans », qui serait réalisé en 5 ans au lieu de dix. Ce plan, indique l’AFP, « prévoit notamment d’enfouir, remplacer ou renforcer 33.000 kilomètres de réseaux aériens moyenne tension. En cas de tempête comparable à celle de 1999, il doit permettre de diviser par deux le nombre de clients privés d’électricité et de les réalimenter deux fois plus rapidement ». En termes d’investissements, selon la Gazette des communes, les régions prioritaires seraient le sud-ouest du pays et les régions Auvergne, Centre et Limousin.
Ce plan s’éloigne donc des demandes de la FNCCR formulées en février dernier, visant notamment l’enfouissement de 70.000 km de réseaux en fils nus et le contournement des zones boisées par 50.000 km de lignes aériennes. Pour ce plan d’investissement de 10 milliards d’euros en 5 ans, la FNCCR avait évoqué trois possibilités de financement :
– la mobilisation des provisions pour renouvellement du concessionnaire (de l’ordre de 11,4 milliards d’euros), une somme destinée au renouvellement des réseaux ;
– le tarif d’utilisation des réseaux publics d’électricité (Turpe),
– la réduction des dividendes versés par ERDF à sa maison-mère, EDF.
Pour ERDF, cité par Europ’énergie, « les deux sources de financement des investissements sont la trésorerie disponible et la dette ». Le concessionnaire estime en effet que les provisions « ne constituent pas des disponibilités à la disposition d’ERDF pour investir sur les réseaux (…). Lors du renouvellement des ouvrages, «les provisions pour renouvellement correspondantes sont virées comptablement au passif du bilan aux comptes spécifiques des concessions matérialisant le droit de retour gratuit des biens des concédants» ». S’agissant du Turpe, la Gazette des communes souligne qu’ERDF attend du Gouvernement que sa décision permette cet investissement, « car il représente plus de 90 % des recettes d’ERDF et par conséquent des capacités d’autofinancement de l’entreprise ».
Le concessionnaire a également rendu public le temps moyen de coupure pour 2008: 78 minutes, hors événements exceptionnels, confirmant la dégradation de la qualité ces dernières années. Hors événements exceptionnels, on compte 56 minutes de temps de coupure en 2004, 60 en 2005, 72 en 2006, 66 en 200. « Nous payons 10 ans de sous-investissement et nous ne redresserons la situation qu’au prix d’investissements massifs », a affirmé le président d’ERDF, cité par l’AFP.
Lire aussi, sur le site de Sud-Ouest, l’avis d’Emmanuel Moulin, ingénieur EDF à la centrale de Braud et conseiller municipal délégué en charge du domaine électrique de Saint-Christoly, en est quasiment certain : «A la prochaine tempête, ce sera la même chose, les fils seront cassés et des secteurs entiers privés d’alimentation (…) «Les fils simples qui constituent le réseau n’ont pas partout été remplacés par des fils torsadés qui résistent mieux. Au prochain gros coup de vent, les fils vont se casser de nouveau et tomber par terre. Ce qui, outre la gêne provoquée par la rupture de l’alimentation, peut être très dangereux. On peut s’électrocuter avec des fils par terre».
Et aussi
– Explosion des demandes de raccordement d’installations photovoltaïques : 25.000 demandes (+ 350 %),
– «La distribution n’est absolument pas concernée par la cession de 5 milliards d’euros annoncée par Pierre Gadonneix, président d’EDF», a affirmé Michel Francony, président d’ERDF (Europ’énergies).