« Le marché reste aujourd’hui dominé par les opérateurs historiques », a estimé Patricia de Suzzoni, directrice des marchés et du service public à la Commission de régulation de l’énergie, lors d’un petit déjeuner organisé par le BIP et Enerpresse, ce 8 juillet. Selon la CRE, sur 34 millions de sites (tous types de clients) raccordés à l’électricité, « 97% bénéficient d’un tarif réglementé. Ce taux atteint 95% dans le gaz. Pour les grands clients, ce taux est de 82% dans l’électricité et de 38% dans le gaz. Pour les petits sites non résidentiels, les tarifs réglementés dominent à 82% dans l’électricité et à 74% dans le gaz ». Des situations différentes selon l’énergie, ce qui s’explique essentiellement par le prix, estime Patricia de Suzzoni.
Du côté du marché des particuliers, elle a indiqué que l’ouverture était « progressive » mais marquait une inflexion ces derniers mois avec « 221.000 clients (…) fournis par des acteurs alternatifs* à fin mai contre 150.000 deux mois plus tôt (et, en gaz), 175.000 fin mai, contre 50.000 de moins deux mois plus tôt. »

Les fournisseurs affichent eux un optimisme relatif. Christophe Droguère, directeur des affaires publiques de Poweo, estime que la « vraie date d’ouverture n’a pas été le 1er juillet 2007 mais le 21 janvier 2008, date à laquelle la loi sur la réversibilité a été promulguée ». Le fournisseur affiche 80.000 clients particuliers (dont 45.000 pour l’électricité et 35.000 pour le gaz), loin des 100.000 intialement prévus pour fin 2007. Et indique gagner « entre 600 et 800 nouveaux clients chaque jour ».
Pierre Flahaut, directeur général adjoint d’Altergaz (fournisseur Clair’Energie), se dit « en bonne voie pour atteindre 2% du marché » français du gaz et vise « un objectif de 10% dans quelques années ».
Chez Gaz de France, Pierre Challut, directeur clients habitats et professionnels, se félicite du succès de l’offre « de confort solaire » lancée au printemps, laquelle suscite « 200 appels téléphoniques par jour ». Gaz de France entend bien utiliser le thème environnemental pour enrichir son catalogue et indique que sera lancée à la rentrée « une offre 100% verte en électricité (qui sera hydraulique ou éolienne) et une offre gaz décarbonée garantissant la compensation des émissions de CO2 ».

* Ces chiffres n’incluent donc pas les clients d’EDF et surtout de GDF ayant souscrit des offres aux prix de marché.
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Du côté législatif, les sénateurs ont supprimé vendredi la date limite du 30 juin 2010 pour l’accès aux tarifs réglementés d’électricité, adoptant un amendement de Daniel Raoul (groupe socialiste) qui supprime la mention « avant le 1er juillet 2010 » de la loi du 13 juillet 2005 sur les orientations énergétiques. En outre, les fournisseurs de gaz et d’électricité devront informer les consommateurs « par écrit ou sur un support durable préalablement à la conclusion du contrat », selon un amendement de la majorité adopté à l’unanimité, qui précise: « Le consommateur n’est engagé que par sa signature ». L’auteur de cet amendement, Ladislas Poniatowski (UMP), a fait valoir que de « nombreuses souscriptions » ont été passées « parfois dans des conditions abusives, par téléphone de la part de certains fournisseurs ».

Réversibilité, tarifs réglementés prolongés au-delà de 2010, sursis pour le Tartam… Et pourtant, ils sont bien peu nombreux à avoir changé de fournisseur d’électricité.