D’ordinaire, quand un hebdomadaire national vous consacre deux pages, avec photo en couleurs, on l’exhibe fièrement pour motiver les collaborateurs d’une entreprise. Mais l’article du Nouvel Observateur (26 juin- 2 juillet) consacré à la fusion GDF Suez ne figure pas dans la revue de presse interne de Gaz de France. D’abord le titre sauce Gainsbourg: « Je t’aime moi non plus ». La photo ensuite: Gérard Mestrallet et Jean-François Cirelli se serrant la main. Oui, mais… en regardant chacun de leur côté. Et la teneur de l’article est à l’avenant. Ca commence par le choix des bureaux des deux futurs dirigeants du groupe. « Ils ont poussé le ridicule jusqu’à mesurer leurs futurs bureaux, mètre en main, pour être bien certains que l’un n’aurait pas l’avantage sur l’autre. » Une manche perdue de peu par Jean-François Cirelli qui aura droit à 48 mètres carrés contre 50 pour Gérard Mestrallet, « histoire de bien montrer qui sera le patron du futur groupe ». Autre élément symbolique, « le départ annoncé de Raphaëlle Rabatel, qui avait été nommée directrice de la communication (…) un poste obtenu de haute lutte par Jean-François Cirelli (…). Ce sera finalement Valérie Bernis, fidèle entre les fidèles de Gérard Mestrallet ». Moins symboliques, les différences de rémunération entre les dirigeants des deux fiancés, un « fossé (qui) ne sera pas facile à combler ». A moins que ceux de Suez acceptent de patienter, le temps que leurs homologues les rattrapent…
Si l’ambiance des fusions est rarement chaleureuse, celle-ci est donc particulièrement tendue. Et l’emménagement dans les futurs locaux ne devrait pas améliorer la situation. Le nouveau siège peut en effet accueillir 450 personnes alors que les effectifs « des deux sièges actuels dépassent les 2.000 personnes ». D’où, sans doute, l’objectif modeste de Jean-François Cirelli: « tenir le plus longtemps possible. »