Intervenant lors du forum BIP-Enerpresse, Michèle Pappalardo, déléguée interministérielle au développement durable, a longuement détaillé les raisons de la « starisation de l’énergie », due essentiellement aux enjeux climatiques et à la raréfécation des ressources (qu’entraîne la hausse de la demande et non pas la diminution de l’offre). Souhaitant que la France et l’Europe s’orientent vers une « économie décarbonée », elle estime que « l’Europe a tout intérêt à devenir un espace énergétique unifié », plaidant pour des échanges transfrontaliers plus fluides entre Etats. « Même si ce n’est pas toujours facile et l’exemple de la ville où nous sommes réunis aujourd’hui (Nice) le prouve ».
Interrogée sur l’exemple de la ville de Marburg, qui impose la pose de panneaux photovoltaïques à ses habitants sous peine d’amende, elle n’est « pas sûre que l’on doive commencer par là. » Certes, la réglementation thermique à échéance 2012 imposera la présence d’énergies renouvelables dans le bâtiment neuf, mais pas dans l’ancien: « c’est beaucoup plus compliqué car il y a plein de situations différentes. » Et ce n’est pas forcément l’énergie solaire qui doit primer: « ce peut-être des pompes à chaleur, de la géothermie… » Des solutions contraignantes pour imposer les Enr sont-elles envisageables? « On est en train de réfléchir ». A plus ou moins court terme, des semi-conraintes se profilent…
En termes d’acceptabilité sociale des ouvrages, elle a estimé qu’il n’était pas nécessaire de modifier les règles en ce qui concerne l’implantation d’éoliennes (cf. proposition de loi Marini). « Mon souhait, c’est qu’on ne touche pas au système, a-t-elle indiqué. Mais on mettra des exigences HQE (haute qualité environnementale) pour toutes les sources d’énergies renouvelables. Il faudra par exemple répondre à des questions concernant le recyclage pour le photovoltaïque. »
Autre sujet difficile en termes d’accueil de la population, les lignes à très haute tension: « Lorsque j’étais au cabinet de Michel Barnier, en 1994-1995, nous avions déjà proposé l’enfouissement pour la liaison dans les Pyrénées. C’est vrai, l’enfouissement entraîne des surcoûts mais attendre plus de 10 ans, cela un coût aussi. » Indiquant qu’enfouir partout n’était pas possible (« il y a toujours des endroits où on pourra faire passer des lignes »), elle a rappelé que l’objectif premier restait l’interconnexion. Au prix de l’enfouissement? « C’est une obligation sociale: il y a des choses qu’on ne peut plus faire aujourd’hui. » De quoi réjouir les élus de la Mayenne (cf. notre entretien avec Yannick Favennec) et de la Manche.