Dans un entretien acordé au site Euractiv.fr, Charles Beigbeder, PDG de Poweo, prend position en faveur d’une « séparation patrimoniale totale », à la veille d’une réunion qualifiée de décisive du Conseil des ministres de l’énergie de l’Union européenne. En jeu, la séparation de propriété (ou unbundling), destinée selon la Commission européenne à fluidifier la concurrence dans les marchés européens de l’électricité et du gaz. EDF devrait, par exemple, céder RTE – déjà filialisé.
Pour Charles Beigbeder, « il n’y a pas de raison que ces entreprises bénéficient de cet avantage lié à la propriété des réseaux. Cette situation de monopole naturel n’est pas normale ». Le PDG du fournisseur alternatif estime « logique que la propriété des réseaux sorte du périmètre des opérateurs historiques d’énergie ».
A ses yeux, l’unbundling n’est pas vraiment un enjeu crucial pour la France: pour EDF, ce serait « indolore » et la fusion Suez GDF change la donne pour l’opérateur gazier national. Le débat autour de l’unbundling serait en fait « une gesticulation diplomatique du pays pour sauver un élément beaucoup plus grave, et qui apparaît beaucoup plus important aux yeux des pouvoirs publics français : en l’occurrence les tarifs réglementés. Cela ne m’étonnerait pas du tout qu’à la fin de la Présidence française ou tout début 2009 l’unbundling soit sacrifié sur l’autel du tarif règlementé, en tout cas pour les clients domestiques ».
A cet égard, s’il estime acceptable le maintien de tels tarifs pour les consommateurs domestiques « à condition qu’ils soient fixés à un niveau suffisant qui permette d’investir », il les juge non conformes au droit concurrentiel pour les entreprises: « il s’agit d’aides d’état caractérisées. Il n’y a absolument aucun doute là-dessus ».

De son côté, Gérard Mestrallet, interviewé dans Le Figaro, estime que si la question de la séparation est posée pour l’électricité, « en ce qui concerne le gaz, la question a été a priori réglée. La Commission européenne et le Parlement se sont prononcés en faveur de la «troisième voie», qui garantit l’indépendance des réseaux sans pour autant exiger de séparation patrimoniale. GDF-Suez restera donc propriétaire de ses infrastructures ».

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