Est-ce la « jurisprudence » de la Villa Médicis? Les principaux candidats à la présidence d’EDF devront-ils passer un grand oral pour s’installer avenue de Wagram? Toujours est-il que Gérard Longuet, sénateur de la Meuse et ancien ministre de l’Industrie, candidat déclaré à la présidence d’EDF, s’acquitte aujourd’hui, dans une tribune publiée par la Tribune, d’un exercice obligé: la défense du nucléaire.

Rappelant son passé de ministre des Télécoms en charge de la libéralisation du secteur, il assène d’emblée n’avoir « pas de leçon de libéralisme à recevoir », pour préciser aussitôt que « l’électricité est d’une nature différente ». Il en souligne les particularités: stockage impossible, « mythe » de l’interconnexion, fortes variations de la consommation… Estimant que les « énergies renouvelables, subventionnées, sont à ce jour économiquement peu probantes », il valorise les atouts du nucléaire, en termes d’émissions de gaz à effet de serre mais aussi de prix, rappelant que le prix de l’électricité thermique « augmentera car indexé sur le prix du pétrole » – atout valable aussi pour les EnR.

Ces deux arguments justifient « d’encourager les Etats membres à revenir sur des choix malheureux qui ont écarté le nucléaire », dans une perspective qui serait celle d’une baisse généralisée des prix en Europe et « non de condamner la France à s’aligner sur le prix des énergies les moins compétitives »*. Cet alignement des prix par le haut, évidemment contraire aux intérêts des consommateurs, profiterait certes à EDF, « à court terme (dégageant) des marges nouvelles », mais comporterait de sérieux risques, à commencer par celui d’un « partage » imposé de l’avantage compétitif d’EDF entre les grands opérateurs européens.

D’où un plaidoyer pour que la France « domine (…) sans complexe le marché du mégawatt ruban »**, rôle qui serait dévolu à EDF tout comme au futur groupe Suez-Gaz de France.

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* Pour la formation des prix de l’électricité, lire aussi la tribune de Xavier Pintat, sénateur de la Gironde et président de la FNCCR, publiée dans le Monde en février 2007.
** Le « ruban » désigne l’électricité de base, qui répond à une demande stable, par opposition à la « pointe » qui désigne l’électricité produite pour répondre à des pics de demande.