Auditionné au Sénat le 17 avril, le commissaire européen à l’Energie, Andris Piebalgs, en a profité pour rappeler les deux grands enjeux structurants du débat énergétique en Europe, et qui doivent constituer le « fil rouge » de la Commission pour les prochaines années, à savoir : l’efficacité énergétique et la sécurité d’approvisionnement.

Pour ce qui a trait à l’efficacité énergétique, outre l’objet de 20% d’économies d’énergie à l’horizon 2020 et l’ambition d’une réglementation européenne en matière d’éco-conception, le commissaire en charge de l’énergie a confié beaucoup attendre du Grenelle de l’environnement. Si chacun des états membres reste libre de définir son bouquet énergétique, il a également souligné l’importance de s’accorder sur un mix européen, compatible avec l’objectif de 20% d’économies, respectueux des choix individuels mais également des attentes de chacun. Selon M. Piebalgs, l’actuel regain d’intérêt pour la technologie nucléaire doit pouvoir s’effectuer dans un contexte légal et réglementaire européen, qui pourrait être enrichi de deux instances d’aide à la décision : un forum européen et un groupe d’experts dédié à la gestion de la problématique des déchets nucléaires. Bien entendu, ces orientations ne doivent pas inhiber la recherche dans le domaine énergétique ; le commissaire européen s’est engagé à déposer, d’ici un an, un projet de texte visant à améliorer les montages de partenariats publics-privés dans ce secteur.

Concernant la sécurité d’approvisionnement, l’organisation du marché intérieur doit, pour le commissaire européen, s’orienter vers une plus grande interconnexion, ce qui devrait se traduire à propos du 3e paquet énergétique, lors de la réunion du 6 juin prochain. Sur la séparation des activités de production et de transport d’énergie, il a rappelé que l’hypothèse de la « séparation juridique » devait s’étoffer pour constituer une alternative crédible au scénario de « séparation patrimoniale ». A propos des tarifs réglementés, il a réaffirmé que la procédure d’infraction intentée par la Commission ne visait que les tarifs non-domestiques dont l’horizon temporel ne devrait excéder 2010.
Sur la dimension extérieure de la sécurité d’approvisionnement, M. Piebalgs a souligné la nécessité de diversification qui s’impose à l’Europe tant en matière de sources d’énergie, de pays producteurs que de routes d’approvisionnement. Il a ainsi évoqué les pays d’Asie centrale et les ressources en GNL du Qatar ou via le projet Nabucco. Enfin, il a insisté sur la nécessité de mieux connaître, en volumes et en fréquence, l’état des stocks stratégiques de gaz, mobilisables en cas de crise d’approvisionnement.

Photo: Commission européenne