Les ampoules fluocompactes seraient-elles, au fond, moins vertueuses qu’on ne le suppose? C’est l’approche iconoclaste de chercheurs canadiens qui affirment que la prépondérance de l’hydroélectricité dans le chauffage au Québec impose de relativiser les vertus environnementales des ampoules basse consommation. Selon eux, les foyers québécois qui ont recours au gaz ou au mazout pour se chauffer l’hiver ne devraient pas adopter les ampoules fluocompactes, au moins pendant la saison hivernale.
Explication: les bonnes vieilles lampes à incandescence convertissent 95 % de l’énergie qu’elles utilisent en chaleur et seulement 5 % en lumière. Un travers vivement dénoncé qui a fait le bonheur de leurs rivales basse consommation, qui dégagent très peu de chaleur. C’est là justement que le changement poserait problème: les trois chercheurs soulignent que la chaleur dégagée par les ampoules à incandescence contribue à réchauffer les logements du Québec, économisant ainsi une partie du chauffage. Avec des ampoules fluocompactes, ce manque de chaleur devra être compensé par un recours accru aux systèmes de chauffage, pour conserver un confort équivalent.
C’est là que ça se complique.
Selon le mode de chauffage, les résultats pour l’environnement (notamment en termes d’émissions de gaz à effet de serre) sont mitigés.
Si l’électricité économisée par les ampoules fluocompactes provient du charbon ou du gaz naturel, la disparition des ampoules incandescentes a un impact positif. Idem pour le mazout, même si cette énergie est peu utilisée pour produire de l’électricité.
Ce n’est pas le cas lorsque l’électricité est en grande partie issue d’une production hydraulique, comme c’est le cas au Québec. En effet, la chaleur perdue des ampoules aura tendance à être compensée par d’autres modes de chauffage, émetteurs de gaz à effet de serre, puisque les Canadiens dans leur majorité (Québec inclus) ont tendance à délaisser le chauffage électrique. D’où des conséquences mitigées en termes d’émissions de CO2. Selon ces chercheurs, en Alberta et en Ontario, la suppression des ampoules à incandescence permettrait de réduire les émissions de gaz à effet de serre de 2,5 millions de tonnes par an, tandis qu’au Québec, elle se traduirait par une augmentation de ces mêmes gaz à effet de serre de 220 000 tonnes chaque année.

D’où un conseil sans doute judicieux mais pas forcément très pratique: utiliser des ampoules fluocompactes l’été et des ampoules à incandescence l’hiver…

A noter:
En France, le recyclage des ampoules fluocompactes progresse. Recylum, vient de déployer soixante meubles de collecte en apport volontaire dans plusieurs grandes surfaces (bricolage, alimentation…). D’ici quelques mois, 3.000 meubles de ce type seront disponibles.