Après E.ON, qui s’est dit prêt à vendre son réseau de transport d’électricité le 28 février dernier, c’est au tour de RWE de jouer les trouble-fête en proposant de créer une société européenne regroupant les réseaux de lignes à haute tension.
Formulée par Jürgen Grossmann, président du deuxième électricien allemand, cette proposition iconoclaste ne devrait pas manquer de faire réagir les « divers groupes européens d’électricité » qu’il entend associer à ce projet.
Selon der Spiegel, où est parue l’interview, le président de RWE aurait « déjà distribué des documents en ce sens aux autorités compétentes à Bruxelles et Berlin ». Pour le magazine, tout comme E.ON qui par sa proposition de vente du réseau souhaite visiblement échapper au risque d’une amende européenne pour pratiques anticoncurrentielles, RWE serait à son tour en train de prendre les devants pour éviter la « vente forcée de son réseau ». De fait, selon Jürgen Grossmann, RWE possèderait une forte participation voire la majorité des parts de cette future société européenne.
Cependant, dans un texte baptisé Poker menteur dans l’Europe de l’électricité et publié le 14 mars dans… la Tribune, David Spector, professeur associé à l’Ecole d’économie de Paris, estimait que ces annonces pourraient constituer une victoire à la Pyrrhus pour Bruxelles: « paradoxalement, la victoire de la Commission donne des arguments à ses adversaires. Car, si la propriété d’un réseau de transport suffit à conférer à une entreprise un avantage concurrentiel au détriment des autres producteurs, malgré la séparation juridique, pourquoi E.ON vient-il de céder aux demandes de la Commission? »

A savoir
Le débat européen se focalise aujourd’hui sur les conditions d’exercice de la concurrence dans les marchés de l’électricité et du gaz. Bruxelles souhaite que les compagnies d’électricité et de gaz séparent les métiers de la production et de la distribution et vendent leurs réseaux pour développer la concurrence.