Vive charge du Figaro contre les éoliennes. 

Dans un long dossier, publié ce 9 janvier dans le supplément du Figaro magazine, le quotidien présente une carte de France inédite des implantations d’éoliennes, des sites programmés (pour lesquels des autorisations ont été délivrées) mais aussi des sites en projet, qu’ils soient simplement à l’étude ou bien aient fait l’objet de demandes d’autorisation. Cette carte, particulièrement détaillée, repose sur les indications fournies par les préfectures, DDE et DRIRE: un travail de fourmi qui doit être salué et comble une étonnante lacune (Energie2007 suggère au Figaro d’en faire un site web ou bien de contribuer à Suivi-éolien.com pour l’enrichir).

Quant au dossier lui-même, il est presque entièrement à charge: les éoliennes nuisent aux paysages, augmentent les émissions de gaz à effet de serre et sont bruyantes. Des arguments inspirés par les associations d’opposants, dont les propos sont abondamment cités: Environnement durable ou Vent de colère… 

Plus grave: le texte jette la suspicion sur les procédures de délivrance des autorisations, pourtant étroitement encadrées… Pour Jean-Louis Butré, président de la fédération Environnement durable et de l’association Vent du bocage, la majorité (des) projets sont montés à l’insu des habitants ». Les promoteurs font signer des promesses de bail en faisant miroiter un revenu supplémentaire », puis « persuadent les élus » avec la taxe professionnelle et l’enjeu du réchauffement climatique. Le voici qui enfonce le clou, laissant sous-entendre que corruption ou délit de favoritisme (pour ne pas dire prise illégale d’intérêt) pésident aux décisions: « dans les faits, on constate que nombre d’éoliennes sont situées sur un terrain appartenant aux élus des communes ».
La suite des procédures administratives serait du même acabit. Ainsi de l’étude d’impact « jointe à la demande de permis de construire déposée dans la commune, qui la transmet dans les quinze jours à la Direction départementale de l’équipement (DDE) ». Après que celle-ci en a examiné la légalité, le dossier est transmis à divers services de l’Etat (Diren, Drire, direction de l’aviation civile, Service départemental de l’architecture et des paysages, etc.). Sans que leur avis soit pris en compte, indique le quotidien : « tous émettent un avis – favorable ou défavorable –, qui reste uniquement consultatif. Une majorité d’avis négatifs n’empêche pas l’obtention du permis ! » 
Comence alors l’enquête publique, sous l’autorité de la Préfecture, également décrite comme une simple chambre d’enregistrement: « puis le tribunal administratif nomme un commissaire-enquêteur, souvent un retraité de l’administration… des gendarmes, des douaniers… pas forcément spécialisés… L’enquêteur rencontre les élus des communes et organise des permanences à jours fixes. Théoriquement, toute personne qui le souhaite peut consulter le dossier et déposer son avis sur un registre. Elle doit faire vite, le vent presse, l’enquête ne dure qu’un mois. » De telles procédures expédiées à la va-vite et en catimini ne serviraient au fond que quelques intérêts privés (des sociétés survalorisées) mais ne pourraient masquer la réalité: « l’éolien n’a aucun intérêt, ni économique, ni énergétique, ni écologique. Alors, pourquoi sacrifier le patrimoine paysager de la France? », assène Didier Wirth, président du Comité des parcs et jardins de France.

Sous ce déluge de critiques, il revient à Jean-Louis Bal, directeur des énergies renouvelables à l’Ademe, de défendre l’accusé. Ce qu’il fait fort bien, soulignant que les éoliennes se substituent aussi à de la production thermique, évitant ainsi du CO², et que « peu de secteurs en France sont soumis à des procédures aussi encadrées que l’énergie éolienne ».

Il reste à établir l’étude d’impact de ce dossier. Sur le forum de Wind-power, les premières réactions indignées étaient lisibles dès l’après-midi. Les professionnels du secteur ne devraient pas non plus rester silencieux.

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