La France peut-elle devenir leader de la transition énergétique ? Vaste question à laquelle le forum annuel BIP-Enerpresse, luxueusement implanté à Deauville, tente de répondre dans une salle où l’audience regarde sagement les intervenants sans envisager, pour l’instant, d’aller prendre le soleil.
Extraits.
« Plus d’Europe, c’est plus de coopération entre gestionnaires de réseaux, a affirmé Michel Derdevet, secrétaire général d’ERDF, questionné sur son récent rapport. Il faudra avoir des régulateurs puissants. Au-delà du Plan Juncker, nous devons réfléchir à une politique d’investissement, dotée d’outils nouveaux : pourquoi pas des livrets d’épargne européens ? »
Anne Houtman, conseil principal à la DG Energie, a indiqué que la Commission européenne lancerait en juillet une « consultation sur la nouvelle organisation du marché de l’électricité. »
« La transition énergétique allemande est un projet industriel d’une grande ampleur, avec un développement de la production renouvelable très important : elle a été multipliée par 8 en 10 ans, a rappelé Mélanie Persem, directrice de l’Office franco-allemand pour les EnR. La puissance installée correspond à la moitié de la puissance électrique du pays. Cela s’accompagne de la fermeture d’autres centrales (gaz, houille, nucléaire). L’Allemagne est désormais en situation de surcapacités. L’enjeu, ce sera de dégager plus de flexibilité : équilibre entre offre et demande, stockage… »
Observant la situation allemande, Marc Boudier, président de l’AFIEG, a « bien évidemment » plaidé pour des mécanismes incitatifs en faveur des énergies renouvelables, mais à condition de ne « pas tuer le marché. »
Jean-Louis Bal a souligné la nécessité « de donner un prix au CO2 », ce qui redonnerait un coup de fouet aux renouvelables et peut-être aussi au gaz, par rapport au charbon.
Pascal Dupuis espère une dernière lecture du projet de loi transition énergétique pour une croissance verte « avant les vacances de fin juillet », puis évoque « un peu de travail pour le Conseil constitutionnel, avant une promulgation en septembre. » il y aura derrière « plus d’une centaine de textes à écrire », environ 130 plus précisément, d’ici 6 mois, dont « quelques dizaines d’ordonnances. Certaines d’entre elles sont déjà quasiment écrites. »
CEE
« Il y a une mutation de l’ADN des vendeurs d’énergie, observe Hugues Sartre, responsable des affaires publiques de géo PLC. Plus personne ne peut ignorer l’efficacité énergétique. »
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EnR, nouvelle formule
Jean-Louis Bal, président du Syndicat des énergies renouvelables, a fait projeter la proposition de la DGEC relative à la formule de calcul du complément de rémunération.
Jean-Louis Bal @ser_enr présente la pierre de Rosette de la formule de calcul du complément de rémunération (DGEC). pic.twitter.com/wJ0osw06IV
— Energie2007 (@Energie2007) 25 Juin 2015
« Lorsque la DGEC nous l’a présentée, on a tous été effrayés, y compris lorsqu’on l’a montré aux institutions bancaires. Mais, quand on la regarde bien, elle n’est pas si compliquée que cela. »
« Les lignes directrices de la Commission européenne ne permettent pas de faore cohabiter quelque temps les deux systèmes, pour mettre en place une période de transition. Cette cohabitation est cependant possible dans l’éolien. » Il évoque une « prime de gestion à la décroissance programmée », pour que les acteurs apprenent à gérer cette évolution.
Virginie Schwarz (DGEC) a présenté le calendrier de mise en oeuvre de cette réforme.
Et V. Schwarz (DGEC) montre à présent le calendrier de mise en œuvre du complément de rémunération. #forumnrp2015 pic.twitter.com/ArcyHDrubJ
— Energie2007 (@Energie2007) 25 Juin 2015
« Notre rôle est aussi de penser aux prix de l’électricité, que payent les consommateurs, donc à limiter la CSPE, a-t-elle précisé. Le système ne doit pas faire peur aux financeurs mais nous devons lutter contre les sur-rémurations. » Elle indique qu’il y aura un décret suivi « d’arrêtés par filières. »
« Puisque nous avons la possibilité de ne pas appliquer le complément de rémunération à l’éolien », ce sera la proposition faite par la DGEC à la Ministre. Avec période d’observation de trois ans, avant de décider quelle méthode appliquer dans la seconde période de la PPE.
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Cop 21
Jean-Louis Bal estime que le développement des EnR passera désormais par les pays en développerment. « Il y a des appels d’offres où l’éolien est en dessous de 40 € du MWh. Le solaire est parfois très compétitif, comme en Egypte, au Qatar, au Brésil… » Il attend de la COP 21 le financement du « fameux fonds vert ».
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Effacement
« Si on regarde ce que RTE a fait sur l’effacement ces dernières années, on s’aperçoit que c’est un marché très concurrentiel, expolique Thomas Veyrenc, directeur du département marchés. Les coûts ont fortement baissé, il y a une dizaine de fournisseurs, dont 3 ou 4 pure players… »
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Power to gas
Sylvain Lemelletier a détaillé le projet de démonstrateur « power to gas » (1 MW) de GRT Gaz. Le bouclage financier devrait aboutir en septembre. Ce démonstrateur devrait à la fois aboutir à de l’injection d’hydrogène (couplé à du dioxyde de carbone) dans les réseaux et de la méthanation. Il associe deux centres de recherche, dont le CEA .
« Ce qui intéresse GRT Gaz, c’est de mettre du gaz vert dans le réseau. On a une dérogation du régulateur pour ce prototype mais GRT Gaz n’a pas vocation à devenir producteur. » Le GRT travaille avec TIGF et GRDF. « Nous allons préparer le terrain pour inciter les entreprises à se développer » dans ce domaine.