Au forum Europ’énergies, il y a des macarons et des cannelés non bordelais et, aussi, une table-ronde finale consacrée aux pronostics, avec un panel d’analystes et traders.

Le modérateur, Jacques Deyirmendjian (Deynergies), comence par montrer les pronos de l’année précédente: erreurs sur toute la ligne. « personne n »avait prévu la baisse des cours du pétrole. » 

La phrase
En électricité, « il suffit de regarder le spread gaz-charbon pour expliquer le spread France-Allemagne. » (Evariste Nyouki, GDF Suez trading)

Les pronos: des prix durablement bas?
Emmanuel Fages (Roland Berger strategy) n’anticipe pas une remontée rapide des cours du pétrole, mais, « d’ici deux ans, une remontée vers 80$. Tous les coûts de la supply-chain se sont effondrés. » Pour le gaz, d’ici 2020, il est « très difficile d’imaginer les prix du gaz monter, compte tenu des très importantes quantités de GNL qui arrivent sur les marchés. » Le prix français de l’électricité semble « se rapprocher de l’Allemagne, en oubliant l’ARENH. » Les nouveaux programmes EnR en Allemagne, ainsi que les prix bas des énergies fossiles, « ne conduisent pas à des remontées sensibles des prix. »

Dans le gaz, Evariste Nyouki (GDF Suez trading) souligne une volatilité croissante qui se traduit par « une hausse des écarts high-low« . Les cours du pétrole devraient peser encore (à compter de l’été 2015). Il fait part du prix de 12 € à partir duquel le gaz devient compétitif par rapport au charbon. Dans l’électricité, il voit un prix baseload de l’électricité (en France) durablement bas: 38,4 € du MWh en 2015 et 37,3 € du MWH en 2016. La référence prix est désormais le mix EnR/charbon, au détriment du gaz. 

Serge Lescoat (Indar energy) partage plus ou moins cette vision de prix bas. « Le marché est très vendeur car il a le sentiment que le pétrole va très bas. Mais un mouvement contraire peut intervenir, en cas d’anticipation inverse ou de risques géopolitiques comme une « guerre réelle entre l’Iran et l’Arabie saoudite ». Mais les capacités de production sont très élevées. Le pétrole est estimé dans une fourchette de 62-15 $ en 2015 et 65-80 $ en 2016. Il évoque des fourchettes de 21-28 € en 2015 pour le gaz, puis 22-32 € en 2016. En revanche, il fait part de deux scénarios pour l’électricité, avec une dominante gaz ou une approche « normale », qui se traduit par des fourchettes respectives de 40-44 € du Mwh et 38-42 € du MWH (45-47 € et 40-44 € en 2016).

Prix bas encore pour Cyrille Georget (Pöyri management consulting), avec 37,6 € du MWH électrique en 2015 (37,9 € en 2016), et 21,1  € pour le gaz (PEG nord) en 2015 (et 20,3 € en 2016). Mais il anticipe une légère remontée du pétrole (66,8 $ et 66,8 $) dans les deux prochaines années. 
 
A la Société générale, Thierry Bros anticipe 40,7 € pour l’électricité, 20,8 € pour le gaz (PEG nord) et 55,2 $ pour le pétrole.

Les prix du CO2 sont évalués entre 6,5 et 10 euros la tonne, certains faisant part du caractère politique de ce marché.

Tous voient les prix du charbon également baissiers.

Et l’ARENH?
Si on regarde le marché, l’ARENH devrait baisser…, estime Emmanuel Fages. « Le retail d’EDF (position compétitive) égaement. Mais EDF a besoin d’un prix de l’ARENH pour équilibrer son cash. » Et Serge Lescoat de s’interroger: « Si j’étais EDF, en bon père de famille, j’achèterais tout ce qu’il y a sur le marché à 38 euros. Et je fermerais mes centrales nucléaires au fil du temps. Sauf que je suis le plus grand producteur français et que ces fermetures poseraient problème… »

Et le GNL américain?
Thierry Bros pense que « le GNL américain n’arrivera pas en Europe. Mais s’ils produisent trop, ils vont inonder le marché, avec un coût inférieur au réseau pour acheminer le gaz russe. Gazprom a déjà dit qu’ils ne laisseraient pas ce gaz arriver. » Vers une guerre des prix?