Coucou, c’est Gazélec à Lyon. On y était, voici ce qu’on a entendu.
Session électricité
(Parenthèse avec l’équation qui circule en ce moment: 400.000 sites encore aux TRV, par 200.000 organismes, pour 200 jours ouvrés. Ce qui représente, hum, 1.000 appels d’offres par jour.)
> 400.000, 430.000, 455.000 sites? Chacun a son chiffre.
Rémy Leroy (GDF Suez): 2015 sera « une période charnière, avec l’impact de la fin des tarifs jaunes et verts, mais aussi avec des prix de marché très bas », qui représentent des possibilités « d’économies substantielles. » Tout en indiquant que « traiter 455.000 sites, ce sera compliqué, avec un engorgement très probable en fin d’année. » Les prix de l’électricité « sont à des niveaux historiquement bas », notamment en Allemagne, mais aussi en France où « le niveau de l’ARENH est, semble-t-il durablement, au-dessus des prix de marché. Le marché peut battre l’ARENH. » Enfin, Rémy Leroy a estimé que le développement des EnR pourrait être freiné par un brent durablement en-dessous de 50$ (gain potentiel de 15 milliards d’euros pour la France, estime L’Usine nouvelle).
> « L’ARENH est un signal pour tous les acteurs, nécessaire dans le paysage. Des discussions sont en cours avec l’Union européenne. C’est un outil pour donner de la visibilité sur les coûts de production du nucléaire jusqu’en 2025 » (Thibaut Leinekugel Le Cocq, chef du bureau des marchés de l’électricité à la DGEC).
Les pronos
Les prix actuels de marché permettent des gains substantiels sur les factures, estime Rémy Leroy:
– tarif bleu pro: entre 5 et 15%,
– tarif jaune: jusqu’à 8%,
– tarif vert: entre 4 et 11%.
Pour Thibaut Leinekugel Le Cocq, la baisse des prix de marché offre « aux fournisseurs alternatifs de belles opportunités pour proposer des offres compétitives », par rapport aux TRV qui ne répercutent pas cette baisse. « Sur la durée, les TRV (bleus) seront contestables », les jaunes et verts étant supprimés fin 2015.
Direct @CongresGAZELEC Lyon : DGEC assure : « la contestabilité des tarifs elec est gravée dans le marbre » avec nouveau mode de calcul du TRV
— Opera energie (@OperaEnergie) 4 Février 2015
Offre transitoire électricité
La DGEC a rappelé l’avis du Conseil d’Etat mettant en vigilance les acheteurs publics sur l’échéance 2015, ceux-ci risquant de se retrouver en infraction si ce n’était pas le cas (mais ils ne seront pas coupés). « L’infraction sera plus ou moins forte selon le processus engagé par l’adjudicateur, faible par exemple s’il s’agit d’un simple retard de signature. »
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Débat acheteurs / fournisseurs
Hervé Bouvard (groupe Seb): notre consommation d’électricité est de 110 GWh en France, essentiellement en prix de marché. « On est un peu en retard aujourd’hui, par rapport à 2016. On avait tendance à suivre l’ARENH avec des prix fixes. L’évolution du marché nous incite à réfléchir (et réfléchir vite). »
Benoît Dabin (groupe Boiron, 38 GWh de consommation): « on a fait une première consultation. Il y a intérêt à passer rapidement aux prix de marché, dès avril par exemple, pour les tarifs jaunes. Pour les verts, c’est beaucoup plus nuancé, notamment notre site principal (16 Gwh), avec un tarif très longue utilisation. » Boiron s’interroge sur le prix mais pas seulement: « les fournisseurs alternatifs sauront-ils nous donner les mêmes conseils qu’EDF? » Réponse d’Yves Poulouin (Direct Energie): « il n’y a pas que le prix: nous apportons des conseils chaque jour à nos clients! » Et GDF Suez d’évoquer le « conseil tarifaire, la facturation, les économies d’énergie… » Thierry Jacquin (GEG) souligne que le volume de Boiron en fait un « très gros client », qui a donc droit aux suivi et conseils d’un grand compte.
En fait, la crainte, explique Benoît Dabin, c’est qu’en quittant EDF, on perde les conseils… d’ERDF. Une crainte souvent exprimée, observe Olivier Schneid (animateur du débat).
Bertrand Lachat, président du Syndicat départemental d’énergie de l’Isère (SEDI), conduit un groupement de commandes pour l’achat de gaz et d’électricité. « C’est une révolution pour les communes, à la fois sur plan administratif, avec la complexité des procédures, sur le plan financier, avec la place croissante des coûts de l’énergie dans les budgets. » Pour l’électricité, le SEDI vise 200 à 250 adhésions. « Les élus attendent d’un groupement de commandes qu’il apporte des gains. Je ne souhaite pas m’engager sur cela », parce que le marché est volatil. Quitter EDF? « Il y a des élus qui le craignent et d’autres non.. »
Damien Sibué (Saint-Jean de Maurienne) dispose d’un contrat (avec une ELD) avec rabais de 30% sur fourniture et acheminement. Ce contrat s’arrête en 2016… »30%, c’est beaucoup… », s’étonne Yves Poulouin.
Bastien Brocas (hôpital d’Annecy avec 2 sites principaux, au tarif vert) a lancé un « accord cadre multi-attributaire: c’est un semi échec, avec 4 fournisseurs… Lors du précédent congrès Gazélec, j’avais pourtant récupéré beaucoup de cartes de visites… » Il envisage de se rapprocher du groupement d’UNIHA.
Groupements d’achats? Ce n’est pas la panacée, estime Nicolas Marchand (EDF), qui estime les gains possibles, mais pas certains. « Et l’acheteur ne les aurait-il pas obenus en partant seul? » Soulignant que « le volume ne fait pas tout. » Mais si l’on écoute les fournisseurs, « le volume compte! », réplique Bastien Brocas. » Pour les acheteurs publics, la question du groupement est essentielle, estime Jean-Marc Proust (FNCCR *), avec « le goulot d’étranglement de fin d’année. Sauf à signer des contrats sur un coin de table », ce qui est interdit, « compte tenu du volume des appels d’offres, il y a un « risque non négligeable de ne pas avoir de réponse si on part seul… » Jean-Pierre Scotton, directeur du Syndicat des énergies et de l’aménagement numérique de la Haute-Savoie (SYANE), souligne que les fournisseurs historiques tentent de dissuader les communes d’adhérer à des groupements de commandes: « c’est ce qu’on constate sur le terrain. » Ils préfèreraient négocier plutôt que de se conformer « aux exigences du cahier des charges. » Nicolas Marchand relativise: « il n’y aura pas forcément d’embouteillage à la fin du second semestre. Il y a beaucoup de sites à tarif jaune qui ont besoin d’un offre simple, qui n’exige pas d’appel d’offres spécifique. »
La solution du groupement ne convainc pas les acteurs privés, entre les PMI qui craignent d’être contraintes dans des marchés construits sur mesure pour les gros consommateurs, et ceux qui soulignent les différences entre les coûts d’acheminement et les taxes, d’un pays à l’autre…
Prix fixes, prix fermes
La question agite les acheteurs publics depuis plusieurs mois. Les prix fermes sont interdits mais ce devrait être provisoire. Avec la transcription d’une directive européenne mais aussi un amendement déposé dans le cadre du projet de loi Transition énergétique et qui « a reçu un avis favorable du gouvernement » , indique la DGEC.
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L’état du marché
Gaz: environ 61.000 sites avec une consommation supérieure à 200 MWh devaient basculer en prix de marché fin 2014. Fin janvier, environ 20.0000 (dont 15.000 acheteurs publics) ont aujourd’hui une offre transitoire, indique la DGEC. Il en reste 110.000 au-delà de 30 GWh.
Electricité: les sites concernés par l’échéance
– 100.000 sites en tarif vert,
– 330.000 en jaune,
– 2.000 en bleu supérieur à 36 KVA.
Direct @CongresGAZELEC Lyon : DGEC annonce qu’en électricité aussi, le fournisseur historique devra partager sa base de clients au TRV.
— Opera energie (@OperaEnergie) 4 Février 2015
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Session gaz
Christian Missirian (EDF) estime que la période est « plutôt favorable à l’achat de gaz », sous la conjonction de plusieurs facteurs: rééquilibrage des PEG nord et sud avec la reprise des importations de GNL, baisse des prix du pétrole, qui réduit les exportations de charbon vers l’Europe (avec éventuel redémarrage de centrales gaz mises sous coton), conférence climat… « Avec un prix du CO2 à 60 euros la tonne, les centrales combinées gaz redeviendraient compétitives… » Cependant, la détente sur la zone sud pourrait être « provisoire. Il faut en profiter: à tout moment, les bateaux GNL peuvent repartir vers l’Asie. »
Fichiers clients
Questionné sur la décision de l’Autorité de la concurrence demandant à GDF Suez d’ouvrir ses fichiers, Christian Missirian a indiqué que l’accès aux fichiers n’est « pas une finalité en soi. » Cependant, EDF a décidé de transmettre ses fichiers en octobre 2014 et a écrit « à tous ses clients » pour les en informer. Mais EDF « n’envoie ces fichiers qu’aux fournisseurs qui en font la demande et ils ne l’ont pas tous demandé… »
Acheteurs/fournisseurs
Florence Bouguer (Staubli Lyon): « on a changé de fournisseur en octobre; la bascule s’est faite le 1er janvier. On a fait 5 demandes et reçu 3 offres. » Paul-Louis Villeroy de Galhau (ENI), qui n’as pas répondu, s’est dit « victime de son propre succès fin 2014, même si on a doublé nos forces de ventes. Et ce devrait être pareil fin 2015, pour le seuil des 30 MWh. » Jean-Pierre Scotton, directeur du SYANE, qui coordonne un groupement de 104 adhérents (810 sites) pour 160 GWh de gaz par an. « Nous avons eu une seule réponse, l’accord-cadre a été classé sans suite. On ne s’y attendait pas vraiment. Un autre appel d’offres a été lancé. Désormais, il y a assez de fournisseurs pour que la concurrence joue. » A GEG, Thierry Jacquin estime qu’il faut des « cahiers des charges simples. Par exemple, l’envoi de données chaque mois ou une indexation mensuelle plutôt que semestrielle, ce n’est pas l’idéal. » Mais il est « normal que les collectivités aient des exigences », estime Jean-Pierre Scotton. S’il est logique qu’elles en aient, « il ne faut pas qu’elles s’attendent à avoir des réponses à chaque fois ! », poursuit Thierry Jacquin.
Sylvie Hollinger (Métropole de Lyon): « On n’a pas été très exigeants dans nos appels d’offres, on y est allés petit à petit dans nos exigences… Et on a contracté à prix fixes. Ca donne de la visibilité pour les deux ans à venir, c’est plus simple à gérer. On cherche d’abord à protéger la collectivité d’importantes variations de prix. » ENI indique qu’il importe d’acheter lorsque les prix sont favorables (« On ne peut pas se dire: le gaz, je l’achète en novembre chaque année »), tandis que GDF Suez met en garde contre l’effet « marche d’escalier » à l’issue d’un contrat à prix fixe. A terme, estime-t-il, « les stratégies d’achat conduiront à opter pour des prix indexés. » ENI invite aussi à décaler les appels d’offres, en achetant en février ou en juillet, pour éviter l’engorgement et, qui sait?, obtenir de meilleurs prix.
200? 30 ?
« En recensant les besoins, explique Jean-Pierre Scotton, on a pu faire le ménage pour l’ensemble du patrimoine. On s’est aperçu que le seuil des 30 MWh ne correspondait pas à quelque chose de spécifique. Dans certains cas, on a tout mis en concurrence en même temps et ça correspondait à la demande. » Ce qui n’est pas le cas à Lyon où Sylvie Hollinger explique avoir tenu compte des seuils, « pour être en conformité avec la loi. »
Offre transitoire gaz
Mise en garde ferme de la DGEC
Fin offre transitoire juillet 2015: la DGEC met en garde contre les coupures. les sites seront « hors la loi. » @CongresGAZELEC
— Energie2007 (@Energie2007) 4 Février 2015
DGEC @CongresGAZELEC : les TRV c’est terminé. On ne va pas rouvrir un contentieux avec Bruxelles. L’offre transitoire c’est le maximum.
— Energie2007 (@Energie2007) 4 Février 2015
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* Oui, je me cite à la troisième personne comme un Alain Delon.