L’Association des directeurs généraux des communautés de France (ADGCF) publie un guide intitulé « Fin des tarifs: êtes-vous prêts? Toutes les clés pour bien acheter son électricité. »
Ce guide a été rédigé à partir de témoignages de représentants de collectivités, d’experts et… les équipes EDF collectivités, tous remerciés en dernière page. S’il comprend d’utiles informations, il est donc à considérer avec prudence dans la mesure où le fournisseur historique n’est pas forcément le mieux placé pour aider les acheteurs publics à le mettre, lui et les autres fournisseurs, en concurrence.
Le document est en ligne ici (et l’on s’amusera aussi à noter le nom du fichier PDF : 140908-050958-etude-edf.pdf )
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De fait, la lecture de la partie consacrée à l’allotissement montre les limites de l’exercice. Il y est indiqué que « faire plusieurs lots (…) signifie potentiellement plusieurs titulaires et autant de contrats à suivre (…). Le pouvoir adjudicateur peut ainsi intégrer l’ensemble de ses sites supérieurs à 36 kVA dans un marché global, et prévoir dans l’acte d’engagement des structures de prix différentes en fonction des types de points de livraison. »
Or, l’allotissement, dans l’énergie comme ailleurs, permet souvent d’optimiser la mise en concurrence en permettant à des fournisseurs de se positionner sur certains segments de marché en en délaissant d’autres, où leurs offres ne sont pas compétitives (voire inexistantes). Ne faire qu’un seul revient de facto à réduire la mise en concurrence. C’est moins pratique? Peut-être, mais c’est aussi ça le travail d’un acheteur public.
On observera également que le guide préconise des critères de sélection pour sélectionner les offres, qui s’avèrent plus ou moins pertinents.
« Outre le prix, on peut citer par exemple la valeur technique, les performances en matière de protection de l’environnement, le coût global d’utilisation, la rentabilité, le caractère innovant, le service après-vente et l’assistance technique, les caractéristiques opérationnelles, les performances en matière d’insertion professionnelle des publics en difficulté… »
Si une démarche d’insertion professionnelle des publics en difficulté est tout à fait louable, il importe bien de mesurer qu’elle ne concerne pas tous les fournisseurs et qu’elle n’a pas forcément sa place dans un cahier des charges d’achat d’électricité.
Enfin, le document vante l’intérêt des groupements de commandes, tout en laissant entendre, ô combien subtilement, qu’ils se traduisent par des résultats, allez non pas négatifs, mais déséquilibrés:
« Pour l’achat d’électricité, le recours à un groupement de commandes permet notamment de pallier un manque de ressources internes, avantage à nuancer dans la mesure où la détermination du périmètre de chaque collectivité adhérente restera à la charge de chacune d’elle.
Rappelons que ce qui fait le prix de l’électricité, c’est le profil de consommation (puissance appelée et moment ou elle est appelée) et non le volume consommé.
En conséquence, le prix obtenu sera en fonction du profil de consommation agrégé des membres du groupement. En d’autres termes, dans un groupement et selon les cas, il peut y avoir des gains différenciés selon les collectivités et donc un intérêt pour elles de lancer un appel d’offres séparé. »
On sent très nettement la « patte » de l’opérateur historique derrière cette prose. Ce document est donc à lire car il contient de nombreuses informations mais à lire avec prudence avant de se lancer dans l’achat d’électricité sur le marché.