La commission européenne a adopté le 9 avril 2014 de nouvelles lignes directrices relatives à l’énergie et l’environnement. «L’heure est venue pour les énergies renouvelables d’entrer sur le marché» a déclaré Joaquín Almunia, vice-président de la Commission chargé de la politique de concurrence. Nous publions ci-après le point de vue de Philippe de Montalembert, président d’Hydronext.
« Energie2007 : La commission européenne vient d’adopter de nouvelles lignes directrices relatives à l’énergie et l’environnement. Quel impact pour les énergies renouvelables en France ?
Philippe de Montalembert : Cela implique que le mode de soutien aux ENR va évoluer. On passe d’un système dit «d’obligation d’achat», par lequel le KWh renouvelable est rémunéré à un prix élevé pendant 15 ou 20 ans, à un système de mise sur le marché de la production ENR complétée par une aide d’Etat sous forme de prime. Cela rapproche les ENR du marché, ce qui est une bonne chose pour au moins 2 raisons: d’abord, cela permet d’utiliser la faculté des ENR à s’interrompre en cas de surproduction générale (ce qui n’était pas le cas auparavant, les ENR continuant de produire même lorsqu’elle la demande est faible); ensuite, toute les ENR ayant, à terme, vocation à être exploitées en condition de marché, cela permet de préparer cette transition en douceur.
Energie2007 : Comment vendre sa production sur le marché ? Les petits producteurs y auront-ils accès ?
Philippe de Montalembert : L’accès au marché en direct est en effet peu réaliste, même pour les plus gros producteurs. C’est précisément le rôle des «agrégateurs d’ENR» d’y remédier. Pour vendre leur production sur le marché, les producteurs devront simplement se rapprocher d’un agrégateur de leur choix. Hydronext est l’un de ces agrégateurs d’ENR: nous négocions la production d’une centaine de sites ENR sur le marché de gros de l’électricité depuis 2 ans déjà. Nous venons du monde de l’hydro, mais nous agrégeons à présent tous les types de technologies et toutes les tailles. Par notre intermédiaire, les sites de production de 100 KW accèdent au marché de la même manière que ceux de 10 000 KW!
Energie2007 : En quoi consiste ce métier d’agrégateur, quels coûts et quelles contraintes engendre-t-il sur le producteur ?
Philippe de Montalembert : Le rôle de l’agrégateur est précisément de prendre livraison de la production du producteur, et le rémunérer le mieux possible par rapport au marché, tout en s’occupant de l’équilibrage sur le réseau. L’agrégateur réalise ainsi l’intégralité des actions et gestes requis : prévision, responsabilité d’équilibre, passage d’ordre, suivi de production etc… Le producteur continue son métier comme auparavant, sans contrainte supplémentaire, sauf celle d’éventuellement arrêter sa production en cas de demande très faible engendrant des prix négatifs: c’est aussi son intérêt! Quant au coût pour le producteur, il est déjà inférieur à 0,5 centimes d’euros par KWh pour une prestation clé en main. L’augmentation des volumes mis sur le marché et le jeu de la concurrence feront sans doute diminuer ce chiffre.
Energie2007 : Existe-t-il beaucoup d’agrégateurs en France ?
Philippe de Montalembert : L’Allemagne est en avance par rapport à la France, où ce métier est encore assez jeune. Hydronext est aujourd’hui leader en France avec plus de 100 sites ENR agrégés dont la production est négociée quotidiennement sur le marché. Nous sommes indépendants et anticipons un très fort développement dans les années à venir, notamment du fait de la publication de ces nouvelles lignes directrices. Cependant, il est assez probable que les énergéticiens déjà présents en France, ne serait-ce qu’EDF ou GDF Suez, proposeront ce service aux producteurs ENR. Les agrégateurs étrangers pourront par ailleurs tenter de s’établir en France à cette occasion. »