Pour évoquer la fin des TRV et l’achat d’énergie, Gazélec organisait une conférence ce jeudi 10 avril 2014, à Nantes. Propos choisis.

Julien Tognola (DGEC) a évoqué un marché de l’électricité moins ouvert que celui du gaz, soulignant également un « prix du gaz différent et dépendant beaucoup des zones géographiques. » 

> Nantes est en zone PEG nord. Il faut descendre à La Rochelle pour se retrouver en zone sud, souffle-t-on dans la salle.

Si l’ouverture du marché de l’électricité se poursuit, il faudra peut-être se poser la question de relever ou non le plafond de l’Arenh, a-t-il indiqué, mais » cela relève du pouvoir législatif et non réglementaire, et c’est une question complexe car l’électricité appartient à son producteur. » Evoquant la fin des TRV jaune et vert et s’appuyant que l’analyse de « contestabilité » de la CRE, il a observé que l’on « s’approch(ait) d’une situation où les fournisseurs peuvent proposer des offres compétitives sur l’ensemble des segments de clientèle. »

> Un courrier d’information des ministères de l’Ecologie et de l’Economie sera adressé à l’ensemble des consommateurs concernés par la fin des TRV (via les fournisseurs historiques), à trois reprises.
> Cliquez ici pour télécharger la lettre annonçant la fin des tarifs réglementés de vente du gaz.

Une période transitoire de six mois est prévue, début 2015, pour le « passage » aux prix de marché des consommateurs en retard dans le choix de leur offre. Un prix de marché transitoire sera proposé. Cela vaut-il pour les acheteurs soumis aux règles des marchés publics? Pour Julien Tognola, cela semble juridiquement « fragile » mais il précise que ce sera une « question à traiter avec pragmatisme le moment venu. »

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Table-ronde électricité – acheteurs fournisseurs: achetez l’électricité maintenant, les prix vont remonter…

Le marché attend les TRV
Susan Muller, responsable des Achats et logistique à la Nantaise des eaux services : « On est aujourd’hui à 19-20 GWh par an. On a commencé les démarches, également pour les tarifs jaune et vert. On a vu EDF la semaine dernière, mais ils ne peuvent pas aujourd’hui nous faire un meilleur prix qu’actuellement. »

Alain Le Maistre, directeur à EDF, direction Commerce ouest: « si nos clients nous demandent de faire une offre de marché, nous la ferons! » 

Susan Muller: « oui, mais en nous disant qu’on ne serait pas mieux placés qu’avec les TRV! »

Direct énergie (de la salle): « on a mené une étude sur les tarifs jaunes. On n’est pas encore en mesure de faire une offre compétitive, en tout cas pas pour la totalité des 60 sites. Mais les choses vont changer, notamment avec une hausse des TRV fin juillet prochain. Il faut mener des études au cas par cas. »

Olivier Cadieux, directeur adjoint Clients industriels et grand tertiaire à GDF Suez: « On constate la même chose sur certains profils. Mais on est prêt à faire une offre. »

Sylvain Gomont, directeur commercial de Sorégies: « prenez position dès maintenant car le prix de l’électricité n’est pas cher, pour un contrat qui démarrera fin 2015, en essayant de bloquer votre prix le plus longtemps possible. On pense que les prix de l’électricité vont remonter, à partir de 2016. C’est pourquoi Sorégies propose des contrats à 5 et 10 ans. »

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Laurent Denis-Lutard, adjoint de direction service Energie et acheteur européen à Lactalis. « On a 180 GWh aux tarifs jaune et vert, sur un total de 830 GWh, pour 60 sites en France. On attend une réponse complète de notre fournisseur E.On, sur les offres qu’il peut nous faire à prix de marché. »

Emmanuel Sire (E.On, de la salle): « on aura une réponse demain. On regarde 2017 »

Laurent Denis-Lutard: « Environ 95% de nos courbes de charge peuvent bénéficier de l’ARENH, ça laisse peu de place à la concurrence. On a un partenariat avec E.On, mais on regarde l’évolution les prix de marché. »

Alain Le Maistre: « Si vous pensez comme nous que les prix de l’électricité vont monter, achetez votre électricité à 42 euros, en sécurisant le prix le plus longtemps possible. »

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Philippe Gardes, responsable Achat d’énergie au Syndicat départemental d’énergie et d’équipement de la Vendée (SYDEV): « on doit expliquer aux élus que l’énergie, ce n’est plus un chiffre à payer au bas de la facture, mais un marché concurrentiel avec ses spécificités. Et les marchés publics ne sont pas toujours adaptés, par exemple lorsqu’il faut choisir une offre dans un délai de 3 heures… Un groupement de commandes, c’est particulier: il y a un seul appel d’offres mais 250 clients derrière, voire davantage. On voudrait être sûrs que ça intéressera les fournisseurs. Je sais déjà qu’il y a des fournisseurs qui ne répondent pas aux tarifs jaunes profilés. Je n’ai pas l’impression que la concurrence soit optimale.
Dans le gaz, on a 130 GWh, mais 100 contrats derrière. Ca suppose un traitement administratif lourd. Ca peut être négatif pour certains fournisseurs. »

Olivier Cadieux: « dans un groupement, il faut veiller que chacun des clients s’y retrouve en fonction de sa courbe de charge et obtenir les services correspondants. »

Jean-Marc Proust (FNCCR, de la salle): « les groupements de commandes permettent à la fois d’obtenir des meilleurs prix, parce qu’il y a des lots qui regroupent les mêmes profils et permettent d’optimiser la concurrence, certains s’intéressant au marché de masse, d’autres pas, mais aussi d’obtenir de meilleurs services, parce que êtes considéré à hauteur de l’énergie que vous consommez. »

Susan Muller: « je ne me suis même pas posée la question de savoir si être multi-être sites pouvait être un problème! Les regroupements, c’est intéressant. Le volume fait le prix. »

Alain Le Maistre: « un profil fait un prix. Dans un groupement, le foisonnement peut être intéressant, pour les engagements de consommation. »

Michel Crémieux (Enel, de la salle): « on est en mesure de répondre pour les profilés. pour l’accès aux données de consommation, il faut que le client nous donne mandat pour les demander au fournisseur historique. » 

Direct énergie: « nous nous positionnons sur les profilés: les multi-sites nous intéressent. Jusqu’aux tarifs bleus, l’éclairage public. Ce sont des budgets importants pour les collectivités. On sera en ordre de marche pour répondre à l’appel d’offres du Sydev. »

Un acheteur (de la salle): « Pour l’accès aux données de consommation, les fameuses 10 minutes, ça fait trois mois que je les ai demandées à EDF. J’ai relancé plusieurs fois, j’en ai à peine obtenu 50%… Si ça se poursuit, j’en arriverai à la conclusion qu’EDF ne joue pas le jeu. Et EDF ne sera pas consulté. » 

Alain Le Maistre: « Nous ne sommes pas dans une politique de rétention. Les données de consommation appartiennent au client. »

Michel Crémieux (Enel, de la salle): « sur votre facture, vous verrez arriver en 2016 une ligne supplémentaire: le coût de la capacité. Si vous achetez sur le marché, cette ligne apparaîtra. Si vous achetez via l’ARENH, ça n’apparaîtra pas. On ne sait pas encore le coût de la capacité et si ça fera la différence. »

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Oh oh

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Table-ronde gaz – acheteurs fournisseurs: une ouverture déjà bien avancée.

Marc Posnic, directeur commercial Grandes entreprises à EDFdirection commerce ouest, évoque les difficultés que rencontrent parfois les fournisseurs pour alimenter des sites en zone sud, « certains clients s’étonnant qu’on ne réponde pas. » En cas de groupements d’achats, il préconise d’isoler les sites télérelevés et les sites profilés, de séparer les lots situés en zone nord et en zone sud, et également ceux qui sont localisés dans des territoires d’ELD.

Julien Tognola a souligné que les fournisseurs alternatifs détenaient déjà 39% de parts de marché du gaz (et 48% dans le marché non résidentiel), ce qui en fait un marché « déjà bien ouvert. »

Ayant évoqué la période transitoire, il est interrogé par Pierre Vambremeersch (Antargaz) sur la situation des clients qui n’auraient toujours pas choisi pour une offre de marché en juillet 2015. Julien Tognola indique espérer « qu’il y ait le moins de consommateurs possibles à cette date. » Question reposée par Olivier Schneid, animateur des débats. Réponse: « tout dépend de la volumétrie. Notre préoccupation à ce stade est que le maximum de clients ait l’information à temps et qu’on ne se retrouve pas dans cette situation. » Pierre Vambremeersch propose que les pouvoirs publics transmettent alors la liste des clients concernés aux fournisseurs alternatifs pour qu’ils leur fassent des offres.

> Deux lettres de rappel seront adressées à ces clients retardataires durant la période transitoire.

Quid de cette offre transitoire proposée par les fournisseurs historiques? Ce sera une « offre de marché » à un niveau « proche des TRV. » Il précise à nouveau que « cette offre transitoire a été conçue spécifiquement pour les consommateurs professionnels, pas pour ceux qui sont soumis aux règles des marchés publics. Le basculement vers cette offre de marché serait juridiquement très fragile. »

Rémy Leroy, directeur adjoint, GDF Suez énergies France – entreprises et collectivités: « ce ne serait l’intérêt de personne qu’à l’issue de cette période transitoire, il y ait encore des clients sans offre. A GDF Suez, on ne fait pas le pari du succès de cette offre de transition. Ce n’est pas notre ambition. » Et les acheteurs publics? Sur cette offre transitoire, GDF Suez a une autre analyse: « ce n’est pas le client qui se met en faute par rapport au Code des marchés publics, c’est la loi qui le lui impose. »

De la salle: « la CRE vient de saisir l’Autorité de la concurrence pour l’accès aux données de consommation dans le cadre de la fin des TRV. »

Réginald Thiébaut, directeur des ventes entreprises et marchés publics, ENI gas & power France: « on avait demandé l’accès à ces données via l’Anode, ça n’avait pas été couronné de succès. Je suis satisfait que cette question soit à nouveau soulevée. Ce que l’on demande, c’est que les règles soient affichées et soient claires. Globalement, on est ravis que la loi Consommation ait été promulguée, c’est une bonne nouvelle pour la concurrence. »

Sylvain Gomont, directeur commercial de Sorégies: « aujourd’hui, très peu de clients ont intérêt à garder les offres gaz en tarifs réglementés. Sur l’électricité, les TRV sont parfois plus compétitifs, pour le gaz, ce n’est clairement pas le cas. » 

Alban Raffray, responsable du Service énergie environnement au SDEC énergie: « il n’est pas certains que les collectivités soient toutes informées. L’information sera relayée par les syndicats d’énergie. Sur les appels d’offre, on attend un effet prix (le SDEC énergie organise des groupements de commandes pour le gaz et l’électricité), mais également un effet service: qualité de facturation… » Quels arguments sont évoqués pour intéresser les collectivités? « Il y a d’abord l’expertise du SDEC énergie, les collectivités n’ayant pas de personnel dédié aux achats d’énergie, le prix lié au volume agrégé, le fait de les décharger d’une procédure complexe, les services associés.. On espère convaincre la majorité des 140 communes du Calvados desservies en gaz, mais aussi d’accueillir d’autres acteurs: conseil général, offices d’habitat, hôpitaux… »

Stéphane Declerck, responsable pôle contrats exploitation de Nantes habitat: « un groupement est organisé à l’échelle de Nantes et Nantes métropole, pour définir un accord-cadre. Il se termine en septembre et on est en cours de procédure pour la suite. On pourrait aller plus loin, fédérer les bailleurs, les organismes HLM, par régions… La mutualisation, c’est la force, même si la gestion peut être compliquée. »

Sylvain Gomont: « le Syndicat des énergies de la Vienne organise des groupements de commandes pour le gaz et l’électricité. Sorégies sera traité comme les autres fournisseurs. »

Réginald Thiébaut: « les groupements sont un phénomène nouveau et intéressant – notamment pour les fournisseurs alternatifs. Attention cependant au nombre, à l’allotissement. Il faut que ce soit lisible de l’extérieur. Ne pas balancer des lots qui ne seraient pas clairs… Et risquer de d’avoir peu ou pas de réponses sur certains lots. »

Rémy Leroy: « si mes clients choisissent de se regrouper, mon boulot, c’est de m’adapter à leur demande. Au sein d’un groupement d’achats, il faut que chaque adhérent puisse exprimer ses besoins, notamment en termes de positionnement face au risque prix. Et chacun doit être exigeant dans les services qui accompagnent la fourniture. »

Sylvain Gomont: « dès lors qu’on atteint 1 TWh, les groupements qui fédéreraient les besoins des industriels ont tout intérêt à fractionner leurs achats, pour mieux gérer le risque prix. »